Harris Tweed & couture tailleur
La couture tailleur est le nouveau défi que je me suis lancée il y a quelques mois quand j’ai découvert le Harris Tweed.
Mais ce sujet est complexe et demande du temps à être exploré… et du coup, « Shame, shame », je n’ai pas posté mon article hebdomadaire vendredi dernier toute occupée que j’étais encore à mes recherches & découvertes.
Désolée.
D’un autre côté, tu vas profiter de tout ça ici. Alors, bien ou bien ?
Crédit photo en haut de page : Nick Wood on Unsplash
Du Harris Tweed à la couture tailleur
Le Harris Tweed : kécécé ?
J’ai découvert le Harris Tweed sur Internet il y a 1 ou 2 ans. Je ne sais plus vraiment trop comment mais je soupçonne fortement T&N, suppôt de la couture & du tricot français.
Le Harris Tweed est un tissu tissé à la main par les habitants de l’Île de Lewis & Harris (des Hébrides extérieures en Écosse), à leur domicile.
La laine provient des moutons d’Écosse « métropolitaine » et de l’Île de Harris. La laine est ensuite lavée et teinte selon une recette ancestrale. Après séchage, les nuances sont mélangées entre elles puis cardées, filées et mises en écheveaux.
Ils sont ensuite livrés directement aux tisseur.ses, à leur domicile.
Le tweed produit ne peut être estampillé Harris Tweed qu’après validation de la qualité & du respect des étapes et obligations légales de production.
Petite vidéo sur l’histoire du Harris Tweed (in English)
Bref, tu l’a compris. Le Harris Tweed, y a pas plus traditionnel de chez traditionnel.
C’est beau. Ça pique. Ça résiste dans le temps (contrairement à d’autres tissus précédemment évoqués ici).
Et du coup, légitimement, c’est cher.
Heureusement, on m’a offert un bon d’achat du site Harris Tweed Isle of Harris à Noël dernier.
Coudre du Harris Tweed
Un tissu aussi beau et fabriqué avec autant d’attention & de savoirs-faire artisanaux me semblait nécessiter un projet aussi spécial.
Alors oui, j’aurais pu me coudre un kilt. Mais le Harris Tweed, ça pique les fesses mon amie.
Du coup, j’ai plutôt décidé de me lancer dans la couture d’un manteau avec des méthodes haut de gamme.
En cherchant un modèle de manteau, j’ai été toute émoustillée par ce manteau Burda en laine trouvé sur Pinterest, cousu en mi-parties.
Et finalement, en approfondissant la « couture haut de gamme » pour les manteaux, je suis tombée dans l’univers de la couture Tailleur.
Plouf.
La couture tailleur : gné ?
Couture flou(e) vs couture tailleur
Il y a 2 CAP des métiers de la Mode pour 2 grands types de vêtement : le vêtement flou et le vêtement tailleur.
Le « flou » désigne les vêtements souples et déstructurés (robes et ensembles, chemises et chemisiers, layette et vêtements d’enfant, vêtements d’intérieur, et tous vêtements réalisés dans une étoffe fine et souple).
Bref, les vêtements pour glander sur ton canapé.
La couture tailleur, par opposition, désigne les méthodes de construction et de réalisation de vêtements structurés aux lignes découpées.
Bref, les vêtements des gens sérieux qui ont la classe.
Cette catégorie regroupe les produits de type vestes, manteaux, jupes, pantalons… Elle implique généralement une silhouette plus près du corps, l’utilisation de draperies (telle le Harris Tweed) plus ou moins lourdes, traditionnellement renforcées d’entoilages.
Dans la photo ci-dessus, on voit donc les différentes couches d’entoilages, les rubans de parements & autres épaulettes utilisés pour structurer de l’intérieur le vêtement. C’est la grande spécificité de la couture tailleur.
Ici, c’est la structure pour une veste d’homme. Les vestes de femme sont structurées différemment pour prendre en compte la poitrine, les hanches, etc.
Une méthode de construction & d’assemblage
La différence se situe bien au niveau de la méthode d’assemblage et de couture des vêtements. À dissocier de la méthode de création du patron (coupe à plat ou moulage).
Il semblerait d’ailleurs que la méthode de la coupe à plat ait été mise au point par un/des tailleurs (ici, j’ai des sources divergentes qui attribuent cela un coup à un Français, Alexis Lavigne, un coup à un Américain… bref).
Avant cela, le moulage et le pifomètre semblaient régner.
Aparté intéressant : tu connais peut-être les créations de Madame Grès avec ses magnifiques drapés en jersey de soie de 7 m de long. Et bien en fait, en dépit de la fluidité apparente de la robe, la structure interne était très corsetée et moulée strictement aux mesures de la cliente pour supporter adéquatement le poids de tout ce jersey plissé.
Comme quoi, la limite du flou & du structuré peut être floue (lol).
Si tu veux en savoir plus, Heather de Closet Core Patterns en parle dans cet article fort intéressant.
De la couture tailleur au Harris Tweed
Tel un chat retombant sur ses pattes ou le serpent se mordant la queue, j’ai été heureusement surprise dans mes recherches. En effet, j’ai appris que le Harris Tweed est un des tissus se prêtant le plus naturellement aux méthodes tailleur.
Bizarrement, tissu tradi x méthode tradi s’entendent comme les cinq doigts de la main. Comme par hasard.
La laine est une étoffe qui se modèle à la vapeur très facilement et permet donc des finis bien propres & nets.
La preuve :
De plus, la matière permet de coudre les entoilages à la main aisément sans laisser de marques sur l’extérieur du tissu.
Enfin, l’épaisseur de 2 mm Harris Tweed lui donne une certaine tenue toute en souplesse. Cela devrait me permettre de coudre de multiples couches sans avoir envie de me jeter (ou plutôt de jeter ma machine) par la fenêtre.
La suite…
Je m’arrête ici pour aujourd’hui car j’ai déjà pas mal bavassé.
Dans les prochains épisodes, je te parlerais des ressources d’apprentissage que j’ai consulté, les fournitures nécessaires et enfin les étapes & épreuves de ce projet toujours en cours par ici.
10 commentaires
C’est passionnant ! ça donne tellement envie de se plonger dans ce monde de la couture tailleur .
Vivement la suite. 🙂
Merci ! J’espère que la suite t’a plu du coup 😀 !
[…] Projet autour duquel je tourne depuis plus d’un an. N’a pas bougé en 2020. Enfin si, j’ai trouvé le tissu de la parementure dos (je ne peux pas la faire dans cette laine qui va me démanger). […]
[…] Projet autour duquel je tourne depuis plus d’un an. J’ai fait les premières toiles mais il y a encore du boulot ! […]
Merci pour cet article très intéressant. Je ne connaissais pas du tout ce tissu et ce procédé de fabrication de teindre la laine avant le filage.
J’aime beaucoup le coloris de ton tissu.
J’attends avec impatience la suite de ton article.
Article très intéressant très jolis coloris pour le manteau.
Bien qu’allergique à la laine je salive de lire la suite.
Merci pour ce très bel article fouillé et technique!! Tout ce que j’aime!!J’ai tout autant adoré l’article que tu as mis en lien sur Madame Grès, très passionnant! En plus il y avait des photos de cette expo au musée Bourdelle, Dos à la mode, que j’ai vue et adoré. C’était un moment magique et les pièces exposées étaient somptueuses.. Merci de m’avoir fait rêver ce matin et très bon week-end..
Merci beaucoup pour cet article documenté et passionnant. J’attends la suite avec une grande impatience.
Ton article est intéressant, je ne connaissais pas le Harris tweed et les 2 couleurs que tu as choisies sont magnifiques. J’ai cousu le manteau Burda que tu as repéré (ainsi que Sandrine de SB Créations. Tu peux regarder, elle n’est pas avare de détails) J’ai beaucoup aimé le coudre et il tombe très bien.
Coucou j’ai bien aimé ton article et tes liens pour l’instant je ne peux pas coudre mais dès que je pourrais m’y remettre le manteau est dans mes prévisions je me suis prise le quart coat que j’aime beaucoup mais je n’ai pas trouvé le tissu pour l’instant je suis très hésitante sur les compositions qui me font douter je vais suivre tes prochains articles ton Harris Tweed à l’air pas mal même si je n’aime pas trop la laine qui pique