Apprendre à faire des chapeaux en feutre
Apprendre à faire des chapeaux en feutre est un rêve depuis longtemps. En 2019 / 2020, j’ai commencé des cours pour adultes de la Mairie de Paris en chapeaux en feutre, paille cousue, tissu tendu, sisal, etc.
Mais 2019 / 2020 a été une année scolaire maudite entre grève des transports et crise du Covid19… les cours ont donc été pas mal impactés dès le mois de novembre et pour finir totalement interrompus par le 1er confinement.
Du coup, cette année, entre les menaces avortées de confinements, j’ai profité d’une semaine de vacances pour suivre une formation de 2,5 jours chez Blanche Ovtcharenko, aux Ateliers d’Art à Roanne : « Chapeaux en Feutre : façon chapelier & façon modiste ».
Dans cet article, je vais introduire le sujet et raconter le déroulé du stage et ce sera déjà pas mal.
Je prévois 3 autres articles pour détailler :
- la fabrication d’un chapeau feutre façon modiste
- la fabrication d’un chapeau feutre façon chapelier
- un article sur le métier de formier
Petite intro au monde du chapeau
Traditionnellement, le monde du chapeau se divise en 2 : les chapeliers pour les chapeaux d’homme et les modistes pour les chapeaux de femmes.
Les modistes travaillaient « en l’air » sur des pièces uniques. Travailler en l’air signifie, qu’elles modèlent leurs matières sans utiliser de formes prédéfinies.
À l’inverse, les chapeliers travaillaient plutôt en série de manière artisanale sur des formes en bois ou plus industrielle sur des presses avec moules en aluminium.
Dans la réalité il semble que la frontière devait souvent être bien plus floue en fonction des réalités économiques.
D’ailleurs, je recommande ce petit bouquin, Travailler du Chapeau de Cécile Le Faou (emprunté à la bibliothèque Forney à Paris) qui décrit une dynastie de fabricant de chapeaux face au déclin du port du chapeau.
Tous les outils du travail du chapeau sont photographiés et décrits ainsi que les différentes étapes du travail.
Fabriquer un chapeau façon modiste
Aujourd’hui, la façon modiste décrit un chapeau travaillé en 2 parties, avec une utilisation minimale d’une forme à chapeau basique (type boule ou carrée).
La forme sert à créer la forme de la tête et de support à la créativité de la modisme pour modeler sa matière (feutre, sisal, etc.). Le bord, quand à lui, peut-être sculpté « en l’air » (c’est ce que j’ai fait), à plat sur une planche ou à l’aide d’une passe ou d’un plot : un moule spécifique pour les bords.
Avantages
La façon modiste est une manière beaucoup plus créative voire artistique de créer des chapeaux en feutre ou dans d’autres matières.
Le bord & la calotte peuvent être dans des couleurs ou même des matières différentes, la possibilité de les sculpter ouvre des horizons infinis, tout est possible. Le chapeau peut être totalement assorti à la tenue et la coiffure de celle qui le portera.
Les modistes sont aussi les reines de la bidouille pour bosser avec un petit rien.
Inconvénients
Cela prend bien plus de temps de créer un chapeau de cette manière. C’est une activité moins rentable.
Fabriquer un chapeau en feutre façon chapelier
Créer un chapeau façon chapelier implique par contre l’usage d’une forme en bois comprenant à la fois la calotte (la tête) et le bord du chapeau.
Parfois cette forme peut-être d’une seule pièce, mais elle est souvent en 2 parties. Cela permet d’échanger les bords et calottes pour multiplier les combinaisons & les possibilités.
Avantages
C’est très rapide. Mouler le feutre sur la forme ne prend pas plus de 30 min à un chapelier aguerri je pense. Une fois sec, il ne reste plus que les finitions à faire. C’est plutôt rentable.
Il est difficile de se rater. Comme on travaille sur une forme existante (et souvent classique : borsalino, tribly, melon, etc.), on ne peut pas se tromper sur le bon équilibre du chapeau, son style ou l’équilibre en la calotte et le bord par exemple.
Inconvénients
Il y a moins de créativité à mettre en œuvre, à part sur la garniture (ruban autour de la calotte).
Apprendre à fabriquer des chapeaux en feutre en 3 jours
Enfin 2,5 jours en fait puisque la première nuit est dédiée au séchage des chapeaux.
Trouver la formation pour apprendre à faire des chapeaux en feutre
Mais reprenons au début. J’ai trouvé et réservé ma formation chez Blanche à Roanne du mercredi pour le mardi suivant. Déjà que je ne suis pas la reine de la réservation à l’avance, le Covid a poussé ma tendance à l’improvisation à son maximum.
Pour cela, j’ai bêtement fait une recherche sur internet. Figure-toi que les formations pour apprendre à faire des chapeaux en feutre ne courent pas les rues.
Le musée du Chapeau de Chazelle propose aussi des formations mais avec un calendrier précis, et toujours à plusieurs. En l’occurence, cette semaine c’était sur la plumasserie (l’art de travailler les plumes). Intéressant mais pas ce qui m’intéressait prioritairement.
Coup de chance pour moi, Blanche était dispo et m’a répondu très rapidement.
Ultra-pratique, Blanche et son mari proposent aussi des chambres suites d’hôte ravissantes & colorées qui permettent d’être littéralement à pied d’œuvre. Et surtout cela m’a permise de tout réserver d’un coup très rapidement sans avoir à chercher un hébergement. Hop, bim bam boum, c’était réglé.
Enfin, les formations sont data-dockées si tu souhaites essayer de te faire financer… mais pas par le DIF puisqu’elles ne sont pas diplomantes / certifiantes.
Enfin, la formation se déroule exclusivement en individuel. Cela permet d’avoir la prof pour soi tout.e seul.e… ma configuration favorite. Je ne suis pas partageuse.
L’atelier est en plein cœur du centre-ville au milieu des rues piétonnes. Vraiment très agréable.
Le mari de Blanche, Gilbert est sculpteur sur bois et pierre et peintre. Il est aussi désormais formier : le fabricant des formes en bois.
Sachant qu’il a 3 formiers en France, je pense qu’on peut dire que c’est vraiment super pratique, non ? Je ferai un article dédié à ce métier dans quelques semaines.
Déroulé de la formation pour apprendre à faire des chapeaux
Premier jour
Blanche m’a accueillie en début d’après midi pour un thé et faire le point sur ma situation, mes connaissances et mes attentes.
Ensuite, on a enchainé sur le choix des formes et des cônes de feutre et hop, c’est parti pour le moulage.
En une seule après-midi, j’ai moulé le chapeau façon chapelier sur la calotte et le bord et la calotte du chapeau façon modiste.
Deuxième journée
Pendant la nuit, les feutres ont séché. Cela m’a permise d’enchainer dès le lendemain matin avec le démoulage du feutre façon chapelier.
Il faut ensuite travailler sur l’ourlet du bord et les garnitures intérieure et extérieure pour arriver à un produit fini en cours de journée. Blanche m’a aussi faite travailler sur différents modèles de garnitures classiques en gros-grain pour les garder en référence.
On bascule ensuite sur le bord du chapeau façon modiste en le travaillant « en l’air ».
Troisième jour et dernier jour pour apprendre à faire des chapeaux
Encore une fois, la nuit a permis au bord de bien sécher.
Le dernier jour a commencé par la couture de l’entrée de tête sur le bord. Ensuite, le bord et la calotte on été assemblé avant de passer au bichonnage (repassage & brossage) pour lui donner une finition vraiment pro.
Enfin, j’ai réalisé la garniture extérieure.
En plus de tout ça, on a aussi pu voir différents points de modiste (assemblage, point de laiton) et la démonstration de quelques formes et bords plus complexes (bords double, toque, etc.).
J’ai choisi de rester une dernière nuit pour profiter de ma formation jusqu’à la dernière minute sans le stress d’attraper mon train en fin de journée.
Ça m’a aussi permise d’aller me balader sur les bords de Loire le lendemain,et de profiter d’un peu de la nature sur le fond du bruit du trafic routier et des odeurs de l’usine de retraitement des eaux usées… Je crois qu’il faudrait que l’Office de Tourisme et l’agglomération bossent ces points pour vraiment profiter d’une promenade bucolique dans ce coin pourtant très joli.
Conclusion
Cette formation de 3 jours pour apprendre à faire des chapeaux en feutre s’est vraiment déroulée dans un contexte parfait : l’atelier et le logement ensemble, une prof à mes côtés exclusivement et un enseignement généreux et qui s’est complètement adapté à mes demandes.
Et il faut savoir que je suis une élève très curieuse qui bombarde de questions à longueur de journée. Blanche a su être totalement à mon écoute et a généreusement répondu à toutes mes questions sans retenir aucune information.
Et cela peut paraitre évident, mais mon expérience dans le secteur des modistes m’a démontré que l’information s’arrache plus souvent au forceps qu’autre chose.
Et pour finir, je remercie Blanche pour son enseignement et tous les thés, biscuits et de Praluline dont elle m’a gâtée pendant toute ma formation. Miam !
11 commentaires
Bonjour
Super l’article !
Mais avais vous les coordonnées de blanche
Svp
Merci
Jean dieu
Bonjour !
je suis enseignant chapelier modiste et jeune retraité. Je viens de créer des modules pour apprendre différentes techniques : Tirer un feutre, mouler une paille, assembler des rubans de paille … Vous pouvez découvrir le tout sur mon site https://thomasmodiste.paris
[…] mes articles sur mon stage pour apprendre à fabriquer des chapeaux, la fabrication de chapeau en feutre façon modiste et le moulage façon chapelier, j’avais […]
Bonsoir.J’ai trouve votre article tres interressant,mais je dois te signaler quelques fautes de ponctuation(pas de virgule entre le verbe et le complement d’objet),parfois un accord malheureux,mais drole.Mon seul probleme,c’est que l’on neparle pas dans ton texte de la fabrication de casquettes(dans tout bc les types).La casquette,plate,hatteras,marine,etc est ce que j’utilise le plus,et je cherche coment apprendre a la fabriquer.
classe ! le cours en individuel c’est l’idéal, tu as bien raison ! j’avoue que je ne comprends pas très bien tous ces secrets de fabrication, en un temps où l’information est relativement disponible pour plein d’autres sujets. Qu’on ne divulgue pas tout, pourquoi pas, mais je trouve ça vraiment dommage de ne pas partager : ce n’est pas parce que les gens savent qu’ils feront de la concurrence, après tout, le savoir-faire et l’expérience se voient non ?
j’ai hâte de lire la suite !
Oui, on s’est posé les mêmes questions avec Blanche. Le savoir doit se partager. Et le pire ce sont les cours où tu poses des questions à la prof et tu sens qu’elle fait de la rétention d’information.
C’est magnifique, une formation en individuel en plus ! Etant de celles qui soutiennent que le chapeau est un accessoire indispensable de tous les jours, je ne peux qu’approuver et soutenir amateurs et professionnels.
On est bien d’accord Noelle ! Le chapeau, c’est super pratique été comme hiver !
Merci pour ce descriptif généreux. J’ai hâte de voir le résultat
excellent ! tu as de la chance d’avoir plusieurs types de formations nous dans le sud on a que dalle a part du tourisme
est ce que le petit chapeau/ bibi bleu est le tien ? elle a une bien jolie boutique en tout cas
scavini a fait un article il y a quelques temps sur les borsalino il me semble très intéressant d’ailleurs
j’ai hâte de lire la suite
Oui alors, ce n’est pas vraiment de la chance… J’ai fait 8h aller-retour en train pour aller à ma formation. On va dire que je me suis donné les moyens 😉
Roanne c’est déjà le sud pour moi ! XD