Fabriquer un chapeau en feutre façon modiste
Reprenons le fil de la fabrication d’un chapeau en feutre façon modiste après ce bref intermède en jaune.
Le chapeau façon modiste est une œuvre de créativité et parfois d’improvisation. Cette façon de fabriquer les chapeaux demande plus de doigté, de gestes techniques et de dextérité.
Presque comme un.e sculpteur.rice. Chaque chapeau est littéralement une pièce unique.
→ Si la technique t’intéresse moyen, les photos du chapeau en feutre terminé sont à la fin.
La préparation pour fabriquer un chapeau en feutre
La préparation du cône ou de la capeline est la même que pour un chapeau en feutre façon chapelier. Tu peux donc aller voir les explications et les recettes de mon article sur le moulage des chapeaux en feutre.
À noter toutefois, les chapeaux façon chapelier, les chapeaux pour hommes sont parfois apprêtés de manière plus rigide que les chapeaux en feutre pour femmes. Le feutre utilisé peut aussi être d’une matière plus épaisse et dense (surtout s’ils sont moulés sur des machines à pédales avec formes en aluminium).
Fabriquer la calotte du chapeau en feutre
Pour ce chapeau, j’ai moulé sur une calotte de type boule.
Si la forme est trop petite pour le tour de tête désiré, il est possible de recouvrir la forme de 1 ou plusieurs couches de feutres (des rebuts tant qu’à faire).
Attention, cela ne marche que pour les types boule qui ne risquent pas de perdre en détail. Cela ne fonctionne pas sur des formes mascottées, sculptées où l’on perdrait en précision sur les arrêtes.
Ces couches sont ensuite fixées avec un gros grain à la base.
Penser aussi à recouvrir d’une couche de film alimentaire pour protéger le feutre des taches et faciliter le futur démoulage.
Mouler la calotte
Pour fabriquer ce chapeau en feutre, j’ai commencé tout simplement par mouler la calotte sur la forme.
Elle est ensuite retenue par le nœud coulant d’une cordelette en lin. On marque le devant et le dos à l’aide d’épingles à tête colorées.
Ensuite, j’ai modelé et plissé la calotte à la main suivant mon inspiration. Ces plis sont maintenus pour le séchage avec des joncs humides et des épingles argentines, tout comme pour le chapeau façon chapelier.
Malheureusement, je n’ai pas de photos de cette étape.
Couper le bord
Avant de mettre la bête à sécher, il faut mettre de côté le bas du cône qui dépasse. Cette partie sera utilisée ensuite pour fabriquer le bord du chapeau. Elle doit donc rester intacte.
Pour cela, on pratique une incision d’1 cm environ au cutter au ras du bord. On insère ensuite une lame des ciseaux dans cette incision pour couper ce bord sans l’abimer .
Ensuite, comme il était déjà, on n’avait pas le temps de s’occuper du bord dans la foulée. Il a donc été « mis au frais » dans un torchon humide (mais pas dégoulinant), puis dans un sachet plastique et éventuellement au frigo (ou pas suivant les écoles).
Pour finir, la calotte a été mise à sécher dans la fameuse étuve maison vue dans l’article précédent.
Démouler et égaliser la calotte
Pour démouler la calotte, l’outil consacré est une baleine de corset métallique souple, lisse et résistante. Il faut que j’en achète d’ailleurs, j’en ai trouvé qui semblent convenir sur le site de Alysse Créations.
On la glisse entre le feutre et le bois comme la lame d’un couteau pour démouler un gateau.
Une fois la calotte démoulée, je suis venue égaliser cette découpe pour qu’elle soit bien propre.
Former le bord du chapeau en feutre
Préparer l’entrée de tête du chapeau en feutre
Pour former le bord du chapeau, on commence par le fixer à un formillon.
Le formillon, c’est une petite forme de 2 à 3 cm de haut qui sert à former l’entrée de tête des chapeaux.
Il doit aussi être dans un bois, souvent du tilleul, qui supporte la chaleur et l’humidité sans se fendre puisqu’il est appelé à faire quelques tours dans la marmite.
Le formillon est la forme qui coûte le moins cher. C’est aussi la seule qui vaille le coup et le coût d’acheter dans toutes les tailles lorsqu’on souhaite se lancer dans une activité professionnelle de modiste.
La croix marque le devant de la forme (comme sur toutes les formes).
Sur la photo ci-dessus, le bord en feutre est fixé sur le formillon en résorbant l’embu. En effet, le bord était plus large que mon entrée de tête de plusieurs centimètres.
En le fixant et en répartissant l’embu grace à un gros grain en coton et des punaises sur le formillon, le feutre va se contracter et réduire considérablement grâce à sa grande plasticité. C’est assez magique !
Afin de maintenir le bord sur le formillon pendant que je fixais le gros grain, Blanche m’a donné l’astuce d’utiliser un élastique plat, de 2,5 cm de large et assez souple.
Former le bord « en l’air »
Ensuite, le bord du chapeau en feutre a été sculpté à la main, sans forme ni autre support que le formillon.
On étire la matière à certains endroits stratégiques : le long du formillon sur 3 cm de profondeur pour créer le relevé, le long du bord extérieur pour créer le tombant.
De temps à autre, le bord retourne dans la marmite, toujours sur son formillon, pour reprendre en vapeur d’eau et faciliter les manipulations.
C’est là où cet article a ses limites. Si tu veux te lancer, une formation avec une professionnelle sera plus qu’appréciable et utile pour montrer les geste en vrai.
Comme j’ai décidé de laisser le bord à cru, un petit coup de lime à ongle permet de le finir proprement.
Les autres finitions traditionnelles sont :
- le fil de laiton ou corde à piano cousu le long du bord puis recouvert d’un ruban gros-grain (avec un point de laiton à voir plus bas)
- un petit ourlet comme sur mon chapeau noir
Coudre l’entrée de tête
Une fois le bord bien sec, c’est le moment de coudre un ruban de gros grain en coton de 2,5 cm de large environ sur l’entrée de tête du bord.
Cela peut se faire à la main au point de picot invisible ou à la machine au point droit. À la main, c’est méthode de haute mode qui permet que rien ne soit visible à l’extérieur. À la machine est évidemment plus rentable pour une production de chapeau en feutre.
Assembler le bord et la calotte
Pour assembler le bord et la calotte d’un chapeau en feutre, on fait glisser le bord dans la calotte et on les fixe avec des épingles emballeurs.
Les épingles emballeurs sont de longues & solides épingles pour pouvoir passer dans les 2 épaisseurs de feutre sans fléchir ni plier.
C’est le moment de vérifier les proportions du chapeau et le bien-aller.
Dans mon cas, la calotte était trop haute à mon goût et je l’ai donc rabotée d’1 cm. Attention à raboter progressivement quand même… une fois coupé, c’est foutu.
Les bords et la calotte sont finalement assemblés ensemble. Pour tester et ne pas risquer de déformer mon chapeau, je l’ai cousu à la main avec un très long point arrière. Comme d’habitude, mon point arrière est tout de guingois mais normalement ça doit être bien droit des 2 côtés.
Pour un chapeau pour moi, ce n’est pas très grave puisque cette couture sera cachée.
Pour du pro… il est possible de le faire à la machine.
Il existe d’ailleurs des machines spécifiques (souvent anciennes aujourd’hui) pour coudre les chapeaux où le pied de biche couds quasiment en l’air sur une toute petite plaque.
Et voila le chapeau en feutre façon modiste terminé !
Piouf, encore un marathon de lecture.
Blanche a été généreuse comme d’habitude et m’a proposée de préparer deux garnitures pour ce chapeau. Elles ne sont donc pas cousues pour permettre d’en changer.
Garniture graou
En plus de 2 chapeaux très différents, j’ai donc aussi 2 styles pour un seul chapeau.
Je suis aussi très fière de ce chapeau là. J’ai d’ailleurs été complimenté la première fois où je l’ai porté.
Et franchement, est-ce que ce n’est pas trop génial de pouvoir répondre à cela par « Merci, c’est moi qui ai fait mon chapeau ! » ?
Garniture à damier
Il semblerait qu’il y ait 2 écoles dans ma famille : celleux qui préfèrent le ruban graou, celleux qui préfèrent le damier. Et toi ?
Je l’ai vraiment pris sous toutes les coutures.
Et bientôt…
J’ai eu quelques soucis avec mes formes puisque des virettes du bois ont fait leur apparition pour les grignoter. J’ai donc appris :
- quel bruit font des virettes en train de s’en mettre plein la panse,
- comment traiter le bois au Xylophène. Rhââ meurs sale bestiole !
Il me reste donc à les remettre en état.
Sinon, j’ai aussi profité d’une affaire sur le Bon Coin et acquis 1 lot de capelines et un lot de cônes de feutre.
Va y avoir du chapeau rose et orange !
14 commentaires
[…] mes articles sur mon stage pour apprendre à fabriquer des chapeaux, la fabrication de chapeau en feutre façon modiste et le moulage façon chapelier, j’avais en tête un article pour référencer la matériel […]
mdr le net est petit finalement quand j’ai vu sa storie j’ai pensé à ton chapeau
Cc je sais plus si tu es sur insta le lien d’un chapelier https://instagram.com/la__caboche?utm_medium=copy_link
Oui, je connais, je suis déjà abonnée. Il a été formé par ma prof l’année dernière justement !
Merci c’est super intéressant ! Il y a tellement de techniques passionnantes à découvrir dans tellement de domaines ! En tout cas, c’est top d’avoir trouvé ce stage qui avait l’air passionnant.
Perso je préfère la version graou
merci pour ces deux articles super intéressants et qui donnent bien envie d’aller se former ! J’adore le résultat, très pro et j’ai beaucoup aimé lire les différentes étapes qui rentrent dans la confection du chapeau. Ah là là, vivement la fin de la pandémie qu’on puisse profiter de ces personnes riches de savoir !
Moi aussi j’aime beaucoup le double pli. Il donne tout son caractère à ce chapeau. Je ne saurais te dire quelle garniture je préfère. Les deux sont originales. Tu as fait des choix qui te ressemblent. Le résultat est formidable et tu es très belle avec ton nouveau couvre-chef.
Merci beaucoup, c’est très gentil 😉 J’aime bien ce double pli aussi même s’il a été imposé pour objectif pédagogique. C’est très intéressant de voir comment cette matière se manipule !
Très beau le double pli. Mais IMHO, il faudrait laisser la vedette à la forme du chapeau, le second ruban est un peu trop chargé. Tu as magnifiquement travaillé ! Et avec ce matériel tu vas pouvoir te lancer et prendre des commandes 🙂 .
J’ai vaguement lancé une demande « Qui veut un chapeau ? » sur le Whatsapp familial et il semble qu’il y a déjà quelques candidates !
les 2 sont superbes tu as vraiment de la chance d’avoir pu faire ce stage j’adore tes chapeaux et surtout tu as de la chance d’avoir une tête à chapeaux !!
Oui, c’était vraiment un boheur ce stage ! Je le recommande sans réserve.
La couleur est lumineuse, les 2 plis apportent une originalité.
L’élève est très studieuse
Je trouve très joli
Merci Mayana 🙂 Et tu as raison, j’adore prendre des cours et je suis assez studieuse !