Une combi vintage à motif vintage Tissœurs

La combinaison vintage années 30 que j’ai cousue pour l’été n’est pas arrivée là par hasard… Comme vous le savez (enfin j’espère), avec ma marque Tissœurs Éditions, j’édite et imprime des motifs textiles historique, souvent issus de cette même période.

Forcément, l’idée de coudre un patron de couture des années 1930 dans un tissu années 30 s’est imposée comme une évidence. Vintage dans les tissus, vintage dans la coupe : la formule rêvée pour ma tenue de l’été.

Enfin… rêvée sur le papier, car ce projet m’a donné du fil à retordre, et pour une fois, je peux vraiment dire que c’est la faute du patron !

La patron de la combinaison vintage

Le patron de cette combinaison vintage vient du site Vintage Sewing Pattern Company. Comme son nom le laisse deviner, il est spécialisé dans la réédition de patrons de couture vintage, disponibles en PDF ou en version papier. Mais attention : les versions papier ne sont pas des originaux, juste des impressions A0 du fichier PDF.

Certains patrons existent en multi-tailles, mais beaucoup ne sont proposés qu’en une à trois tailles… comme à l’époque. Autant dire que si la vôtre n’est pas dedans, il faudra ruser !

Et d’ailleurs, quand je dis « réédition », c’est un grand mot : il s’agit plutôt d’une réimpression brute. Juste trois lignes d’instruction de couture comme dans les années 30 et un schéma technique assez sommaire. À vous de vous glisser dans la peau d’une couturière d’époque, sauf qu’on n’a pas forcément les mêmes bases et habitudes aujourd’hui (eh oui, la couture aussi évolue). Bref, vous voyez l’idée.

Le site propose des patrons pour enfants, femmes, hommes, et même pour chiens, couvrant une large période allant des années 1930 aux années 1980.

Revenons à notre combinaison. Voici comment le modèle était présenté à l’époque :
« Du lever du soleil jusqu’aux étoiles, affirmez votre style 24h/24 avec cette merveille à jambes larges ! »

En pratique, c’est une combinaison sans manches, à jambes larges, qui se ferme par un système de pans croisés en triangle. Le patron (disponible en formats A4 + Letter, A1 ou A0) ne comporte que deux pièces : le devant (x2) et le dos. Et forcément, ça pose quelques petits défis… je vous en reparle plus tard.

Les marges de couture sont de 6 mm. Oui, seulement 6 mm ! Pas de largesses comme nos marges modernes d’1 ou 1,5 cm selon les pays : à l’époque, on optimisait le tissu au maximum.

Bonne nouvelle quand même : ce patron est multi-tailles… Enfin, il en propose quatre, du S (tour de poitrine 89-94 cm) au XL (123-129,5 cm).

Coudre la combinaison vintage

Avant de commencer à coudre

Avant même d’acheter ce patron, j’ai pas mal hésité. J’avais déjà un coupon de deux mètres de Tictac Indigo en satin de coton, le tissu parfait dans sa souplesse et sa douceur pour ce genre de projet.

Il fallait donc absolument que mes pièces de patron rentrent dans mon coupon… sauf que le site annonce une consommation de tissu de 3,25 m.

Hum. L’aventurière en moi a pris le dessus, et je me suis lancée. Et là, double coup de chance :

• J’ai choisi la taille S, qui collait pour le tour de poitrine mais semblait trop juste de 6 cm au niveau des hanches. Sur le papier, c’était limite… en vrai, ça passe laaaaarge !
• Et miracle : la taille S rentrait pile poil dans mes 2 mètres de tissu. Ouf !

Autant dire que le tableau des mensurations est aussi fiable que les indications de fournitures…

J’ai quand même bidouillé un peu : j’ai retiré 4 cm à l’entrejambe (devant et dos), parce que telle quelle, la coupe me donnait l’impression d’avoir une entrejambe au niveau des genoux. Pas très pratique pour marcher, demandez aux manchots. Avec la modif, je tombe à mi-cuisse… encore une fois, on est large.

Et puis, j’ai cherché un bon moment des infos sur la ceinture (puisque, rappelons-le, le patron ne comporte que 2 pièces). J’ai fini par tomber sur ça :
« Cut two rectangle strips to desired length and width – not included in pattern. »
→ Traduction : « Découpez deux bandes rectangulaires aux dimensions de votre choix – non incluses dans le patron. »

Bref : la ceinture, c’est à vous de l’inventer. Et non, vous n’aurez même pas un pauvre rectangle avec des mesures pour vous aider. Démerdez-vous on a dit.

Pendant la couture

Pour info, voici l’intégralité des instructions de montage (traduction en français) :

« Assemblez les coutures droites des jambes intérieures, puis piquez les deux moitiés ensemble en partant du haut du dos jusqu’à la pointe devant. Assemblez ensuite les coutures d’épaules et de côtés. Faites un biais étroit autour de l’encolure et des bords devant, ainsi qu’autour des emmanchures et des chevilles. (Si vous le souhaitez, ces bords peuvent être finis à la main avec de petits festons décoratifs.) Cousez les extrémités de la ceinture (découpez deux bandes rectangulaires à la longueur et largeur désirées – non incluses dans le patron) sur les points de taille devant. Réalisez ensuite une fente gansée à la taille du devant droit, destinée à laisser passer l’extrémité de la ceinture fixée sur le devant gauche. »

Alors oui, sur le papier ça n’a pas l’air sorcier… sauf que ces explications passent un peu sous silence deux ou trois points où un petit détail aurait été bienvenu :

• Comment finir proprement la pointe de l’ouverture devant, pile sous les triangles (rien que ça…).
• Comment insérer joliment les ceintures sur une pointe terminée par un biais.

J’ai bricolé un montage qui tient à peu près la route, mais disons que je n’inviterai pas l’inspecteur des travaux finis à jeter un œil à l’envers de ma combi.

Autre surprise : les emmanchures. Dès le premier essayage, elles me semblaient bien étroites. J’ai donc élargi de 1,2 cm tout autour avant de les finir au biais (c’est ce que vous voyez sur les photos). Mais finalement, pour pouvoir porter la combinaison confortablement – sans risquer l’étranglement par les aisselles – j’ai dû tout découdre et reprendre : -1 cm à l’épaule et -2 cm sous le bras.

À part ça, j’ai opté pour un gros ourlet (4 + 1 cm en double rentré) et j’ai fini toutes mes coutures d’assemblage à la surjeteuse. Et voilà.

Conclusion

J’adore porter cette combinaison : elle est à la fois chic et hyper confortable dans ce satin doux et ce motif sublime. Mais… je reste franchement déçue par le patron.

Le prix pratiqué par la boutique me semble difficile à justifier au vu de la valeur ajoutée : concrètement, on reçoit un bête fichier – manifestement créé sur Word – de deux pages d’instructions, là où beaucoup de créatrices contemporaines proposent aujourd’hui des explications détaillées, des schémas, des vidéos et un vrai travail pédagogique.

Quant au patronage lui-même… comment dire ? Je le trouve assez approximatif : emmanchures beaucoup trop étroites, proportions étranges par rapport au tableau de mesures.

Bref, je ne recommande pas ce patron. Si le style vous séduit autant qu’à moi, il va falloir aller chercher un équivalent dans la patronthèque contemporaine. Et si vous avez des idées de patron, n’hésitez pas à partager en commentaire !