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Le Musée des Étoffes Imprimées de Mulhouse

8 commentaires

Vous vous en doutez, je suis passionnée de tissus et d’étoffes, comme beaucoup d’entre vous (quoi, où ça un stock de tissu ? Je ne vois pas de quoi tu parles !). Ça m’a poussée à explorer l’histoire du textile et de la mode… et vers la couture bien sûr !

C’est dans cet élan que j’ai découvert l’existence du musée de l’impression sur étoffes à Mulhouse. Attirée par ce sanctuaire des textiles, j’ai décidé d’aller y jeter un coup d’œil – et disons-le, de me perdre dans l’histoire d’un art qui me fascine depuis toujours.

Aujourd’hui, je vous emmène avec moi. Accrochez-vous, ça va être long, mais si beau !

Découvrir un tel musée n’est pas anodin : c’est comme entrer dans une caverne d’Ali Baba où les trésors ne brillent pas d’or, mais du cuivre des rouleaux d’impression… et surtout des motifs et des couleurs.

On y respire l’odeur des tissus anciens et des machines d’impression, immergé dans un univers où chaque pièce est un fragment d’histoire.

Mais pour être honnête, cette visite n’était pas uniquement motivée par une simple curiosité textile. Elle s’inscrit dans quelque chose de plus grand, un projet qui, je l’espère, prendra bientôt forme. Mais chaque chose en son temps !

Revenons maintenant à Mulhouse et à ce musée, où je me suis aventurée à travers des salles emplies de machines massives, de rouleaux gravés, de textiles imprimés en mille et une couleurs, guidée pas à pas dans les secrets de l’impression sur étoffes.

Exploration de l’exposition Quel Chantier ! : entre enquête et patrimoine

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L’exposition Quel Chantier ! m’a intriguée dès le départ avec ses mentions de vols ayant eu lieu au musée.

En lisant Le Naufrage d’un musée, j’ai appris qu’il ne s’agissait pas seulement de quelques pièces de musée disparues, mais bien d’un patrimoine unique, égaré au fil de vols rocambolesques.

Des archives textiles, des motifs historiques, volés et revendus, comme autant de fragments d’un héritage malmené. Cette saga des archives textiles est aussi fascinante qu’inquiétante.

On découvre aussi une superbe collection de catalogues de motifs imprimés. Ces catalogues sont une sorte de bibliothèque d’idées, remplis de motifs classiques et modernes. Plus loin, des planches grand format exposent des créations contemporaines… enfin, contemporaines de mon enfance en tout cas ! XD

Et là, surprise : je reconnais un motif que j’ai eu sur une housse de couette pendant mon adolescence : les chats de Zofia Rostad.

Ces motifs, bien plus que de simples images, nous rappellent que le textile s’infiltre dans nos vies de mille façons.

La collection permanente : le savoir-faire et l’art de l’impression textile

Dans la collection permanente, on ne peut manquer les impressionnantes machines d’impression qui occupent une salle entière.

Ces mastodontes de fer et d’acier rappellent l’apogée de l’industrie textile : elles ont produit des kilomètres de tissus, chaque rouleau ajoutant ses détails, couche par couche.

Le musée présente aussi des rouleaux gravés, en cuivre ou en laiton, d’une finesse remarquable, comme autant de témoins de la précision et de l’art de l’époque. La gravure est si minutieuse qu’elle en devient presque intimidante, chaque rouleau étant conçu pour déposer des motifs dans une couleur spécifique.

À côté de ces machines, on trouve une superbe collection de planches gravées en bois et en cuivre, utilisées pour l’impression au mordant, une technique délicate où chaque couleur est imprimée successivement pour créer des motifs très détaillés.

Voir ces étapes m’a permis de mieux comprendre la patience et le savoir-faire exigés pour obtenir des tissus multicolores à l’époque.

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Un peu plus loin, on découvre la technique du poinçon et molette, permettant de créer des motifs répétitifs en continu.

La molette gravée d’un motif en relief est pressée contre un cylindre de cuivre, qui va ensuite répéter ce motif sur des kilomètres de tissu.

Cette technique, sophistiquée et bien adaptée à l’industrie de la mode de l’époque, montre l’ingéniosité des imprimeurs pour répondre à la demande sans cesse renouvelée.

À la rencontre des dessinateurs textiles et de leur héritage artistique

En admirant les motifs exposés, impossible de ne pas se demander qui étaient ces dessinateurs textiles.

Armés de pinceaux et de pigments, ils dessinaient et peignaient ces motifs à la main, créant des œuvres non seulement magnifiques mais aussi adaptées à une production en série. Ils devaient savoir parfaitement prévoir les mises au rapport, c’est-à-dire comment faire pour que les motifs se répètent sans couture.

Parmi eux, on compte Alfred Favre, dessinateur mulhousien entré à 16 ans dans l’atelier de Zipélius et Fuchs. Au-delà de son talent personnel, Favre est le fruit d’une tradition de formation artistique et technique rigoureuse. L’École gratuite de dessin et de géométrie pratique, fondée à Mulhouse en 1829, formait les jeunes talents en leur apprenant le dessin et les techniques indispensables à leur futur métier.

Ce passage au musée nous rappelle que ces dessinateurs étaient bien plus que de simples artisans : ce sont des artistes méconnus qui ont influencé l’histoire de la mode et du textile.

Leur héritage reste gravé dans ces motifs imprimés, témoignant de leur créativité et de leur talent.

Les techniques d’impression : entre innovations et influences mondiales

L’évolution des techniques est l’une des parties les plus fascinantes de cette collection.

On y apprend comment les indiennes, étoffes colorées venues d’Inde via la Compagnie des Indes, ont séduit les Européens.

Ces tissus, teints avec des colorants naturels et des motifs exotiques, sont vite devenus si populaires qu’ils ont été produits localement à Mulhouse et Rouen. Cette production locale a permis de créer des tissus adaptés au goût européen tout en préservant l’influence des motifs orientaux.

Autre révélation : les châles cachemire, autrefois luxueux et destinés aux plus riches, ont également été « démocratisés » grâce à des copies imprimées sur laine.

Le musée présente des exemples où le motif, soigneusement positionné sur les rouleaux, permet de découper des pièces où chaque motif est placé au bon endroit pour un résultat visuel parfait. Ce principe de « motif placé » est encore utilisé dans la haute couture actuelle !

Les révolutions chimiques : des couleurs aux pigments synthétiques

La collection dédiée aux pigments est une autre perle du musée. Dès le XIXe siècle, les avancées en chimie ont révolutionné l’impression textile avec l’arrivée des colorants synthétiques.

En 1856, le chimiste anglais William Perkin découvre la mauvéine, un colorant violet de synthèse, suivi par des innovations comme la fuchsine et les colorants minéraux. Ces avancées ont permis de créer des tissus aux couleurs éclatantes et durables, qui ont redéfini la mode.

Le musée présente également d’autres procédés d’impression, notamment l’impression au cadre plat, venue de Lyon, et son adaptation en cadre rotatif dans les années 1950.

Ces techniques, qui consistent à transférer des motifs sur des cadres avec des films photosensibles, sont les ancêtres de l’impression numérique actuelle. En me promenant entre ces différentes sections, j’ai été impressionnée par la façon dont chaque nouvelle méthode a su répondre aux exigences de la mode et de l’industrie textile, rendant l’art de l’impression textile toujours plus accessible.

Conclusion : une inspiration pour l’avenir

En quittant le musée, je me suis sentie imprégnée d’une énergie créative et d’un profond respect pour les artisans et créateurs qui ont façonné des siècles de motifs.

Chaque pièce, chaque technique, m’a rappelé que l’histoire du textile est bien plus qu’un enchaînement de procédés techniques :

L’histoire des motifs textiles est un art qui raconte des histoires, capture des époques, et continue d’influencer nos vies.

Cette visite m’a non seulement inspirée pour mon propre projet, mais m’a aussi permis de plonger dans un univers où chaque étoffe, chaque motif, est une porte ouverte sur un monde de beauté et de savoir-faire.

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Le jean I Am Sunshine : et de trois !

8 commentaires

  • 13/10/2024 à 23h11
    Sophie D

    Merci beaucoup pour la visite Miio !
    C’était très instructif.
    Quelle beauté que ces dessins !
    Tu nous prépares un projet reliant le graphisme et les tissus ?

    Répondre
    • 15/10/2024 à 10h07

      Oui, je suis vraiment fascinée par la beauté de ces dessins. Et oui, tout à fait, mon projet va relier le dessin & les tissus 🙂

      Répondre
  • 14/10/2024 à 19h04
    missumlaut

    Merci pour cette visite ! Et bravo pour ton projet, quel qu’il soit : il sera imprégné de beauté, de sens et du fil de l’histoire.

    Répondre
    • 15/10/2024 à 10h06

      Merci Noëlle pour te encouragements 😉

      Répondre
  • 14/10/2024 à 20h22
    violette

    magnifique !

    Répondre
  • 14/10/2024 à 20h32
    anaey

    Merci pour cette visite du musée de l’impression sur étoffe de Mulhouse.

    Répondre
  • 15/10/2024 à 7h33
    Nathalie

    J’aime beaucoup ce musée mais l’exposition Quel chantier m’a un peu laissé sur ma faim. Il y a une collection énorme de textiles stockée mais on en voit peu de choses. C’est dommage. Par le passé d’autres expositions étaient plus « étoffées ».

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  • 15/10/2024 à 13h21
    Florence

    Je suis toujours fascinée de voir des tissus anciens, je trouve qu’ils redonnent de la couleur et de la vie à des époques dont notre vision est influencée par les photos en noir-et-blanc, et à des styles de décoration qu’on ne connait plus qu’à travers des meubles isolés, alors qu’ils étaient entourés de tissus, tapis, rideaux, nappes, coussins…

    Et ils restent souvent étonnamment actuels !

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